Bibliothèque nationale de Luxembourg: Présentation du catalogue des manuscrits d'Echternach

Le 9 février 2010, la Bibliothèque nationale de Luxembourg (BnL) a présenté dans le cadre d’une conférence de presse, présidée par la ministre de la Culture, Octavie Modert, le catalogue en deux volumes des manuscrits de l’ancienne abbaye bénédictine d’Echternach qu’elle vient d’éditer chez Otto Harrassowitz Verlag Wiesbaden, spécialisé dans ce type de publications.

"Die Echternacher Handschriften bis zum Jahr 1628 in den Beständen der Bibliothèque nationale de Luxembourg sowie der Archives diocésaines de Luxembourg, der Archives nationales, der Section historique de l’Institut grand-ducal und des Grand Séminaire de Luxembourg / beschrieben von Thomas Falmagne unter Mitwirkung von Luc Deitz" inaugure une nouvelle collection (Die Handschriften des Grossherzogtums Luxemburg) éditée par la Bibliothèque nationale de Luxembourg et destinée à donner un relevé complet de tous les manuscrits et fragments de manuscrits à partir du 7e siècle jusqu’en l’an 1628 se trouvant encore actuellement dans le Grand-Duché de Luxembourg.

Le premier volume, recensant les manuscrits d’Echternach, remplace tous les travaux antérieurs consacrés à ce sujet, et innove sur plusieurs points:

  • quantitativement: il décrit 89 manuscrits entiers, 18 textes complets contenus sous forme de gloses marginales dans des éditions imprimées, et 154 fragments isolés correspondant à 103 entités codicologiques (= "titres", au sens moderne du terme), ce qui porte le nombre total de manuscrits médiévaux provenant de la bibliothèque d’Echternach conservés en entier ou en partie à Luxembourg à 210. Jusqu’à présent, on était parti de l’idée que seulement 40 à 50 témoins manuscrits de provenance epternacienne avaient survécu à Luxembourg. A souligner que, pendant les travaux préparatoires au catalogue, on a trouvé le plus ancien document écrit du Luxembourg, un fragment des "Dialogues" de Grégoire le Grand datant de la fin du 7e siècle (et dès lors contemporain de St Willibrord).
  • qualitativement: le catalogue est établi selon les normes établies par la Deutsche Forschungsgemeinschaft pour le catalogage des manuscrits, universellement reconnues dans le monde savant. Ainsi, chaque description se compose d’un en-tête renseignant brièvement sur la cote, l’auteur, et le titre; d’une description détaillée de la composition matérielle du volume (support; distribution des cahiers; scribe; type d’écriture et d’enluminure; reliure …); de l’histoire du volume; d’une bibliographie; et d’un inventaire complet du contenu (textes avec incipit et explicit; le cas échéant publication[s] de référence …). Cette manière de procéder fait du catalogue un outil de travail satisfaisant à toutes les exigences scientifiques couramment admises. Par ailleurs, grâce aux travaux de dépouillement effectués à la Bibliothèque nationale de France, il a été possible de reconstituer dans sa presque totalité la bibliothèque des manuscrits d’Echternach telle qu’elle se présentait au début du 16e siècle, puis aux alentours de 1750, avec concordances précises entre les titres donnés à l’époque et les cotes actuelles. (Anhänge 4-5). Ce travail permet, pour la première fois, d’établir l’inventaire complet et précis des manuscrits epternaciens réquisitionnés par la jeune République française en 1802. Finalement, le catalogue est richement illustré et contient des exemples d’écritures du 7e au 17e siècle, pouvant ainsi servir de manuel de base à des cours d’initiation à la paléographie latine.
  • méthodologiquement: la manière de procéder adoptée est novatrice dans la mesure où le catalogue ne recense pas les fonds actuels d’une seule bibliothèque d’aujourd’hui, mais recense le fonds d’une seule bibliothèque d’antan, distribué aujourd’hui sur cinq bibliothèques différentes. Ce n’est que grâce à cette approche synoptique qu’il a été possible de rapprocher les uns des autres des fragments dépecés ayant originellement fait partie d’un seul manuscrit (voir p.ex. la description du "Lectionnaire d’office", vol. 2, p. 581-586, reconstitué à partir de 12 fragments répartis sur 3 bibliothèques luxembourgeoises [+1 fragment conservé à Coblence]). Mais le catalogue innove aussi par son Introduction (= vol. 1), qui, loin de donner un simple aperçu d’une bibliothèque disparue, fait revivre l’histoire d’une collection toujours vivante.

Le tome deux du catalogue des manuscrits d’Echternach constitue le corps du catalogue et s’adresse surtout aux spécialistes. Le tome un s’adresse à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’abbaye bénédictine d’Echternach: il comprend une vaste fresque historique de 150 pages qui décrit l’histoire de la bibliothèque d’Echternach depuis le moyen-âge jusqu’à l’époque contemporaine, étayée par de nombreuses reproductions en couleur.

Dans son intervention la ministre de la Culture a souligné que l’ouvrage illustre la mission de bibliothèque de recherche des bibliothèques nationales. Il appartient aux bibliothèques nationales de mettre à disposition de la communauté scientifique les outils de recherche de haut niveau dont celle-ci a besoin pour l’exploitation scientifique du patrimoine, dont les bibliothèques nationales ont la garde. Elle a souligné par ailleurs que la qualité scientifique du catalogue d’Echternach et sa diffusion internationale illustrent le fait que les instituts culturels luxembourgeois ont un rôle considérable à jouer dans l’amélioration de l’image de marque du Luxembourg à l’étranger.

Le docteur Thomas Falmagne a ensuite présenté la synthèse des recherches nouvelles sur les manuscrits de l’abbaye d’Echternach. Après avoir introduit aux lieux dans lesquels étaient conservés les livres, il s’est attaché à décrire les pratiques des bibliothécaires d’Echternach en mettant l’accent sur trois moments clés: le tournant des 12e et 13e siècles, le début du 16e siècle et le milieu du 18e siècle. Dans la dernière partie de son exposé, il a souligné combien les manuscrits et les fragments retrouvés au Grand-Duché permettent de mieux connaître les phases de production et d’assimilation du savoir dans l’abbaye bénédictine.

L’élaboration et la publication du catalogue ont bénéficié du soutien de la Stiftung zur Förderung der deutsch-luxemburgischen Zusammenarbeit auf dem Gebiet der Wissenschaften (Deutsche Bank Luxembourg s.a.) / Fondation pour le développement de la coopération Allemagne-Luxembourg dans le domaine des sciences (Deutsche Bank Luxembourg s.a.), de la Stiftung Faksimile-Verlag Luzern zur Erhaltung mittelalterlicher Bilderhandschriften et du Fonds national de la recherche. Le tome 1 peut être acquis séparément au prix de 29,90 euros. Le prix des 2 tomes est de 168 euros. Le catalogue sera en vente en librairie, à l’accueil de la BnL ou peut être commandé directement chez Otto Harassowitz Verlag Wiesbaden

(communiqué par le ministère de la Culture et la Bibliothèque nationale de Luxembourg)

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