Avec l'invitation de Sylvia Ronchey, dont la conférence s'inscrit en prolongement dans le cadre de la Journée mondiale de la femme, c'est pour la troisième fois que la Bibliothèque nationale de Luxembourg et l'Institut italien ont réunis leurs efforts. Professeur de philologie classique et de civilisation byzantine à l'Université de Roma Tre, auteur de nombreux essais et traductions du grec byzantin, Sylvia Ronchey fait un important travail de vulgarisation notamment en collaborant avec des quotidiens comme La Stampa ainsi qu’avec les programmes culturels de la RAI.
Avec l'invitation de Sylvia Ronchey, dont la conférence s'inscrit en prolongement dans le cadre de la Journée mondiale de la femme, c'est pour la troisième fois que la Bibliothèque nationale de Luxembourg et l'Institut italien ont réunis leurs efforts. Professeur de philologie classique et de civilisation byzantine à l'Université de Roma Tre, auteur de nombreux essais et traductions du grec byzantin, Sylvia Ronchey fait un important travail de vulgarisation notamment en collaborant avec des quotidiens comme La Stampa ainsi qu’avec les programmes culturels de la RAI.
Sa conférence à la Bibliothèque nationale de Luxembourg, ouverte par la directrice Monique Kieffer ainsi que l'ambassadeur d'Italie, Stefano Maria Cacciaguerra Ranghieri, a été l'occasion de revenir sur la vie mouvementée et la fin tragique d'Hypatie d'Alexandrie née vers 370 de l'ère chrétienne.
Fille de Théon d'Alexandrie, lui-même éditeur et commentateur de textes mathématiques, la jeune femme parvint, sous l'houlette de son père qu'elle ne tarda pas à surpasser en habilités mathématiques, à un niveau de sagesse supérieur à celui de la plupart de ses contemporains. Dépassant le domaine des mathématiques, elle s'intéressa notamment à la philosophie dans le sillage de l'école platonicienne et à l'astronomie. Son génie en ces matières est honoré au siècle des Lumières par Denis Diderot dans un article de son Encyclopédie.
Issue du milieu social des élites d’Alexandrie, réunissant tous les atouts intellectuels, faisant preuve d'une intelligence politique et d'une franchise avec les Grands qui faisaient d'elle la modératrice parfaite en situations de crise, elle affiche l'élégance insolente d'une femme supérieure à la plupart de ses confrères masculins.
Outre un savoir interdisciplinaire et vaste, sa manière d'enseigner, son éloquence fluide et captivante, ont contribué à faire d'elle une femme hors du commun qui ne pouvait passer inaperçue: effectivement tous, y compris les puissants la respectent et suivent les enseignements de cette divulgatrice du mode de vie grec faisant converger vertus civiques et respect d'un pluralisme qui, tôt ou tard, devait finir par paraître suspect dans le cadre de la christianisation. Cyrille, évêque d'Alexandrie, ne tarda guère à suivre cette renommée, jugée dangereuse pour la divulgation de la doctrine chrétienne d'un œil méfiant. Contrairement à son prédécesseur, Cyrille n'est pas si enclin à la conciliation du paganisme, qu'il voit incarné en Hypatie, avec les enseignements chrétiens. Craignant et jalousant l'influence de la femme philosophe trop brillante, les sources citées par Sylvia Ronchey rapportent qu'il contribua à son meurtre. En 415, Hypatie d'Alexandrie dont les représentants du christianisme redoutaient l’omniprésence subreptice quasi franc-maçonnique, est assaillie dans la rue et exécutée d'une manière particulièrement brutale.
Sylvia Ronchey conclut de manière brillante en soulignant que Hypatie a passé le flambeau en mourant pour avoir été une autorité intellectuelle trop puissante: le paganisme la survit et elle aura contribué à agencer le passage du monde grec au monde byzantin.
Comme l'a souligné l'ambassadeur d'Italie en introduction de cette conférence, qui a attiré un public nombreux, le sujet est d'une actualité brûlante : il nous oblige à nous interroger sur la violence contre les femmes et à réfléchir sur l'importance de la liberté d'expression.
Communiqué par la Bibliothèque nationale de Luxembourg